© Le Point 17 avril 1999
La guerre sans merci que se livrent les services secrets au nom de l'intérêt
économique général autorise, semble-t-il, les mauvais coups.
Le livre « Secrètes affaires », paru chez Flammarion, raconte ainsi avec force
détails pièges, manipulations médiatiques et stratégies de l'ombre ; ce genre
de méthodes éprouvées que la morale réprouve mais que la concurrence approuve.
Les histoires sont légion : l'affaire des traces de benzène découvertes en
1990 dans l'eau Perrier, au profit, peut-être, d'un concurrent américain, qui
obligea la société à retirer pour rien toutes ses bouteilles du marché ; la
lutte secrète entre la DST, le contre-espionnage, et Kroll, multinationale du
renseignement privé, qui a un bureau à Paris et qui, à en croire de mauvaises
langues, a partie liée au gouvernement des Etats-Unis ; la tentative de la CIA,
en 1993, de recruter un membre du cabinet d'Edouard Balladur, Henri Plagnol,
aujourd'hui député du Val-de-Marne, en marge des négociations sur le Gatt ;
l'opération de la DST consistant, avec l'aide d'Henri Plagnol, à manipuler en
retour l'officier traitant de la CIA ; l'intervention des services secrets dans
les marchés d'armement. L'auteur, Guillaume Dasquié, 33 ans, a rencontré nombre
d'anciens des services. Rédacteur en chef de la très informée lettre
confidentielle Le Monde du renseignement, Dasquié signe un ouvrage documenté,
quoique parfois à court de preuves.