Le groupe Lafarge, dont une usine était implantée en Syrie non loin de Raqqa, a été mis en examen pour avoir versé plusieurs millions d’euros à Daesh. Mais le cimentier recueillait aussi des renseignements pour le compte de la DGSE…
Le groupe Lafarge, dont une usine était implantée en Syrie non loin de Raqqa, a été mis en examen pour avoir versé plusieurs millions d’euros à Daesh. Mais le cimentier recueillait aussi des renseignements pour le compte de la DGSE…
Paru dans Télérama du 29 mars 2023. 70 mn. Inédit. C’est ce qui s’appelle une affaire dans l’affaire. En 2011, alors que des groupes djihadistes ne cessent d’étendre leur influence, en Syrie l’usine Lafarge poursuit ses activités en versant de l’argent aux terroristes de Daech. Sauf que l’histoire ne s’arrête pas là.
Le voici, l’intermédiaire de l’organisation État islamique, accusé d’avoir persuadé des cadres du groupe Lafarge de s’acoquiner avec Daesh, pour faire fonctionner leur usine syrienne, quitte à enrichir des terroristes. Dans un bureau du huitième arrondissement de Paris nous nous attablons de longues heures et à deux reprises avec cet homme né à Damas, porteur de deux passeports, l’un syrien l’autre canadien. Amro Taleb. Son nom revient une centaine de fois dans le dossier pénal ouvert fin 2016, dans lequel huit anciens dirigeants du cimentier sont mis en examen pour financement du terrorisme, ainsi que la société Lafarge en tant que personne morale.
Argenteuil, porte d’entrée de « l’islam politique et de l’extrémisme en Île de France », un épicentre du salafisme. C’est la perception d’une élue du département, la sénatrice Jacqueline Eustache-Brinio (Les Républicains), que nous avons rencontrée au Palais du Luxembourg. Elle l’affirme d’une voix assurée. La rapporteure de la Commission d’enquête sur le radicalisme islamiste a exercé comme prof, il y a près de quinze ans, au lycée Cognac-Jay de cette même ville. Elle se souvient « de jeunes musulmanes qui voulaient s’en sortir » et s’émeut de « l’entrisme pratiquée par les réseaux salafistes » sur place. Direction cette commune du Val d’Oise, 40 minutes à l’ouest de Paris, dont le territoire s’étend sur des rivages de la Seine où autrefois bourdonnaient des usines. Sans nier la présence de noyaux extrémistes, le maire de la commune met en garde contre les idées reçues.
Le groupe cimentier Lafarge, fleuron du CAC 40, a délibérément coopéré en Syrie avec l’organisation État islamique (EI) pour préserver ses activités industrielles dans le pays. La société a été mise en examen au mois de juin 2018 pour « financement d’une entreprise terroriste ». Ses dirigeants sont soupçonnés d’avoir d’une part autorisé le versement de bakchichs à des membres de l’EI, pour garantir la sécurité des salariés et le transport des marchandises ; et d’avoir d’autre part autorisé des ventes de ciment aux groupuscules terroristes au moment où son site de production allait tomber entre leurs mains. Mais les pièces du dossier et les témoignages des rares initiés reconstituent une autre histoire, plus incertaine. Plus grise. Celle-ci implique directement l’administration en charge du contre-terrorisme, la DGSI, le Quai d’Orsay, et les services de renseignement extérieurs de la DGSE.
Dans l’émission Cultures Monde sur France Culture, l’entretien qui suit porte sur la présence de présumés terroristes européens, et notamment français, dans les prisons irakiennes, et au fonctionnement de la justice pénale de ce pays. L’occasion de discuter de la perception, par la population de Bagdad, des jeunes européens venus dans leur région se battre […]
Quartier de Laeken au nord de Bruxelles. La place Joseph Benoit Willems forme un coquet rectangle. Entre les pavés ont été plantés des arbres, des lampadaires, des jeux pour enfants. Au numéro 13, enserrée entre des immeubles plus hauts, se faufile une maison de deux étages. Ils ont longtemps vécu là, Malika et Ahmed Atar, […]
Pourquoi Arthur Rimbaud renonça-t-il si jeune à la poésie pour une vie d’aventures, négociant des armes et visitant des terres parcourues de conflits ? Quelle relation entretiendraient les artisans en littérature avec les zones bouleversées de la planète, où triomphent les chefs de guerre. Il suffit de demander à l’un des lointains collègues du poète. […]
Un tour de Bagdad de 26 minutes, réalisé pour Arte. En Irak, après les défaites militaires de l’organisation État islamique, les autorités ont voulu juger les garçons et les filles d’Europe qui combattaient dans les rangs de cet ennemi. Dans un pays dévasté, les instances judiciaires ont organisé, et parfois mis en scène, les procès de ces citoyens européens impossibles à comprendre pour la population locale.
Longtemps encore, des kilomètres de murs de béton de quatre mètres de haut courront dans Bagdad. Serpentins de remparts. Mille-feuille d’une vie urbaine orientale, coupée en tranches pour prévenir les attentats. Notamment ceux commis par des Français. En Irak, le premier d’entre eux à avoir perpétré une attaque kamikaze s’appelait Joni Miguel Dos Santos Parente. […]